Chantier 7
Concepts et réseau conceptuel
Les élèves possèdent tous une image mentale simple de la plupart des objets qui les entourent. Qu’on leur parle d’un livre, d’un pont ou d’une voiture, la représentation que nous avons de tels objets permet une communication claire et aisée. Ces représentations sont personnelles et différentes pour chaque individu.
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Qu’est-ce qu’un concept?
« L’enfant ne saisira véritablement le sens d’un concept qu’après avoir eu l’occasion de le réinventer pour lui-même ». |
Les élèves possèdent tous une image mentale simple de la plupart des objets qui les entourent. Qu’on leur parle d’un livre, d’un pont ou d’une voiture, la représentation que nous avons de tels objets permet une communication claire et aisée. Ces représentations sont personnelles et différentes pour chaque individu. Les représentations sont aussi d’origine culturelle, ce qui peut engendrer des interprétations ou une mauvaise compréhension dans les échanges. Avons-nous tous la même conception de la religion par exemple?
Les choses se compliquent donc lorsque l’on doit discuter d’éléments plus abstraits qui font pourtant aussi partie de notre vie. À quoi les élèves se réfèrent-ils lorsqu’on leur parle d’urbanisation, de développement, de nation, d’aménagement, d’État, de citoyenneté ou de liberté?
Source : Service national du RÉCIT de l’univers social
Les mots que nous utilisons sont des concepts dont la compréhension nécessite un travail intellectuel de recherche et de construction mentale pas toujours évident pour les jeunes élèves. Pour l’adulte enseignant, il n’est pas non plus facile de déconstruire sa représentation d’un concept pour être en mesure de bien l’expliquer aux élèves. Comment faire acquérir le concept d’institution aux élèves?
Ainsi, la meilleure façon d’enseigner l’abstraction et la complexité d’un concept, c’est de guider les élèves dans la construction d’une représentation collective et personnelle de celui-ci.
Une définition pour comprendre un concept?
Source : Service national du RÉCIT de l’univers social
En fait, comme l’illustre la métaphore de l’iceberg, une définition ne suffit pas pour comprendre toute la complexité d’un concept. Elle ne représente qu’une petite partie de la compréhension qu’un individu peut avoir du concept de démocratie par exemple.
Un concept se construit tout au long de la vie d’un individu. Il est constitué d’expériences directes vécues par l’élève à la maison ou avec ses amis et d’expériences indirectes acquises par le biais de la télévision, des lectures ou de l’école. La représentation d’un concept sera différente d’un individu à un autre. Elle sera donc très personnelle et culturelle.
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Types de concept
Il existe plusieurs catégorisations de concepts. Pour plus de détails, consultez l’article « Le développement de concepts » sur le site du congrès de l’univers social. Mais nous pouvons faire une première catégorisation selon leur niveau d’abstraction. En fonction de cette échelle, ils seront plus au moins difficiles à conceptualiser pour l’élève.
Source : Service national du RÉCIT de l’univers social
Pourquoi travailler à la construction de concepts?
La construction de concepts permet donc à l’élève d’asseoir un certain nombre de connaissances, ce qui lui permettra de développer ses compétences. Par la construction de concepts, il réactive ses connaissances antérieures, auxquelles il greffe ensuite de nouvelles connaissances. Il organise ensuite ses connaissances afin de faire émerger une nouvelle compréhension du concept étudié et surtout, afin de le mettre en application.
Ce n’est qu’avec une compréhension claire du concept de démocratie ou de métropole que l’élève pourra interpréter plus finement un problème historique ou un enjeu géographique. Enfin, sa réflexion citoyenne s’en trouvera plus nuancée.
Types de démarche
Nous vous proposons d’approfondir deux démarches de construction de concepts qui utilisent les mêmes phases de développement. Certains concepts seront plus faciles à aborder avec les élèves en utilisant l’une ou l’autre des démarches proposées. Le concept d’industrialisation sera plus facile à comprendre avec des exemples et contre-exemples (Bruner) tandis que le concept de territoire sera plus simple en le présentant avec l’approche de catégorisation (Taba).
Les deux démarches utilisent les mêmes phases de construction de concept :
- Phase 1 – L’observation et l’exploration
Phase où l’élève réactive ses connaissances antérieures, découvre et tente une première classification afin d’amorcer son réseau conceptuel. - Phase 2 – Représentation mentale
Phase où l’élève catégorise et organise ses connaissances. L’élève déconstruit/reconstruit et complexifie son réseau conceptuel. - Phase 3 – Abstraction
Phase où l’élève s’exerce à conceptualiser en réinvestissant sa compréhension d’un concept dans une mise en situation.
Ces démarche sont inspirées de Hilda Taba, Jérôme Bruner.
Construire à partir d’exemples et de contre-exemples – Exemple de la démocratie
Source : Service national du RÉCIT de l’univers social
Préparation
Définir les attributs essentiels du concept à construire.
- Les attributs essentiels du concept de démocratie sont définis par l’enseignant. Pour cet exemple nous avons choisi : la liberté, l’égalité et la représentativité. Donc, pour qu’il y ait démocratie, il faut que ces trois conditions soient respectées.
Phase 1 : observation – exploration
Mentionner ou non le concept à construire aux élèves.
- La découverte du concept peut prendre la forme d’un jeu : « Je pense à un mot, à l’aide d’exemples, est-ce que vous êtes capable de découvrir ce mot? » Dans le cas de mots plus difficiles, l’enseignant peut mentionner le concept aux élèves et axer la démarche sur la découverte des attributs essentiels.
- Proposer des exemples positifs et négatifs en lien avec chacun des attributs du concept à construire. L’élève doit classer les exemples en catégories afin de découvrir les différents attributs essentiels de chaque exemple.
- Pour la liberté par exemple, un exemple OUI pourrait traiter de la liberté d’expression des médias et un exemple NON de la censure par le pouvoir gouvernemental.
Phase 2 : représentation mentale
Catégorisation et organisation des connaissances.
- Donner des exemples en ne mentionnant pas s’il s’agit d’exemples positifs ou négatifs. Les élèves doivent justifier leur réponse en y associant les attributs essentiels ou des concepts associés. L’élève se constitue ainsi un vocabulaire étroitement associé au concept étudié.
Phase 3 : abstraction
Amener l’élève à conceptualiser en réinvestissant sa compréhension du concept dans une mise en situation.
- La mise en situation pourrait être un exemple non démocratique où l’élève doit proposer des solutions démocratiques.
- Amener l’élève à rédiger une définition personnelle du concept étudié ou à élaborer une carte conceptuelle.
- L’élève pourrait poser des questions sur la réalité sociale du présent en utilisant de façon appropriée les concepts de démocratie.
Construire à partir de catégories – l’exemple de l’exploitation forestière
Source : Service national du RÉCIT de l’univers social
Phase 1 : observation – exploration
Présenter un problème ou un concept aux élèves.
- Poser la question suivante aux élèves : « Qu’est-ce qu’un territoire forestier? »
- Réactivation des connaissances antérieures de l’élève, l’élève propose des réponses. Les amener sur une première catégorisation de leurs propositions.
- Relever les expériences du territoire forestier et les produits du bois consommés par les élèves.
Phase 2 : représentation mentale
Catégorisation et organisation des connaissances.
- Tenter une première classification des éléments soulevés. Les catégories sont suggérées par l’élève.
- Proposer aux élèves des catégories, des exemples et images à classer. Les catégories pourraient être : métiers, produits, organismes, récréotourisme, etc.
- Demander aux élèves d’apporter leurs propres exemples.
Phase 3 : abstraction
Amener l’élève à conceptualiser en réinvestissant sa compréhension du concept dans une mise en situation par exemple.
- Réaliser une activité qui exige un transfert du concept (lecture d’un territoire, interprétation d’un enjeu géographique ou historique).
Liens avec le programme de formation, les TIC et pour en savoir plus
Construction de concepts et le programme de formation
Consulter les documents de travail réalisés par l’équipe de formation du MELS :
- Les documents du primaire ayant pour titre Concepts et contenus spécifiques et Exemple d’une démarche de construction du concept « industrialisation »
- Les documents en histoire au secondaire et plus particulièrement le document sur les concepts en histoire et éducation à la citoyenneté
- Les documents en géographie au secondaire
Construction de concepts et les TIC
Qu’est-ce que les technologies peuvent apporter à la construction de concepts?
Les idéateurs comme Inspiration, CMap, Freemind, Popplet ou MindMeister (les deux derniers sont aussi disponibles pour les appareils mobiles) permettent aux élèves de réaliser des cartes d’exploration ou d’organisation très rapidement. Ils peuvent réorganiser ou complexifier leur réseau de concept facilement. De plus, ils peuvent y ajouter des images, des cartes et même des sons, ce qui contribue à illustrer certaines représentations d’un concept qui pourraient être difficiles à traduire en mots. Les idéateurs permettent un traitement de l’information qui est non-linéaire et stimule ainsi la créativité de l’élève.
Qu’est-ce la construction de concept apporte aux technologies?
Une des grandes difficultés des élèves au niveau des TIC et qui relève aussi du traitement de l’information est l’utilisation des moteurs de recherche. La construction de concept lui permet d’organiser et d’orienter sa recherche en identifiant un certain nombre de mots clés qui pourront lui permettre de préciser et de classer de façon pertinente les résultats de ses recherches.
Pour en savoir plus sur l’utilisation des idéateurs, consulter le dossier du Service national du RÉCIT de l’adaptation scolaire.
Quelques exemples de construction de concepts
Le concept de démocratie au primaire
Cette activité permet à l’élève de comprendre le concept de démocratie à l’aide d’exemples et de contre-exemples inspirés de la vie de tous les jours. L’activité utilise la démarche d’exemples et de contre-exemples telle que présentée plus haut.
Le concept d’exploitation forestière en géographie au secondaire
Cette activité permet à l’élève de comprendre la complexité du concept d’exploitation forestière. Cette compréhension du concept lui permettra d’interpréter plus facilement l’enjeu du territoire forestier. L’activité utilise la démarche par catégories telle que présentée plus haut.
Le concept de démocratie en histoire au secondaire
À l’aide d’exemples historiques et tirés de l’actualité, l’élève pourra approfondir sa compréhension du concept de démocratie. Au terme de l’activité, il sera plus à même de poser une question, donc s’interroger sur la société démocratique à laquelle il appartient. L’activité utilise la démarche d’exemples et de contre-exemples telle que présentée plus haut.
Les logiciels
Afin de vous aider à choisir un idéateur qui corresponde à vos attentes et à vos besoins, consulter le tableau comparatif des 10 idéateurs les plus utilisés sur le site du RÉCIT de l’adaptation scolaire :
http://www.recitadaptscol.qc.ca/spip.php?article220
Vous pouvez aussi consulter le document Word suivant, qui démontre les avantages et inconvénients de 5 logiciels pour créer un réseau conceptuel.
Intégration des TIC et méthodologie de travail en univers social
Les activités proposées dans ce dossier doivent s’inscrire dans le cadre d’une tâche complexe et significative pour l’élève : dans le cadre d’une situation d’apprentissage et d’évaluation ou d’un projet par exemple. Pour avoir accès à un cadre méthodologique de travail en univers social avec un souci d’intégration des technologies :http://www.recitus.qc.ca/tic/dossiers-tic/methode/
Crédits et commentaires
Crédits
Personnes ayant collaboré à l’élaboration de ce dossier : Steve Quirion, Gilles Berger, Mattéo Picone, Fernand Ouellet, Danielle Dumas. La recherche pour l’utilisation des logiciels a été réalisée par Claudine Lafontaine et Guillaume Leduc. Graphisme et mise en page : Steve Quirion et Mathieu Rocheleau.